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Il s’agit là d’un masochisme larvé dont le mobile pourrait paraître inconscient, sauf dans le cas exceptionnel où il est établi que son origine est due à une association d’idées provoquée par un incident précis dans le passé du malade, ainsi qu’on le verra dans les observations 87 et 88.

Ces cas de penchant sexuel pour les souliers de femme, sans motif conscient et sans qu’on en ait pu établir la cause ni l’origine, sont très nombreux[1]. Nous citerons comme exemples les trois faits suivants.


OBSERVATION 65. – Ecclésiastique, cinquante ans. Il se montre de temps en temps dans des maisons de prostituées, sous prétexte de louer une chambre dans ces maisons ; il entre en conversation avec une puella, lance des regards de convoitise vers les souliers de la femme, lui en ôte un, osculatur et mordet caligam libidine captus ; ad genitalia denique caligam premit, ejaculat semen semineque ejaculato axillas pectusque terit[ws 1], revient de son extase voluptueuse, demande à la propriétaire du soulier la faveur de le garder quelques jours et le rapporte avec mille remerciements après le délai fixé. (Cantarano, La Psichiatria, V. p. 205.)


OBSERVATION 66. – Z…, étudiant, vingt-trois ans, issu d’une famille tarée : la sœur était mélancolique, le frère souffrait d’hysteria virilis. Le malade fut, dès sa première enfance, un être étrange, a souvent des malaises hypocondriaques. En lui donnant une consultation pour une « maladie de l’esprit », je trouve chez lui un homme à l’intelligence embrouillée, taré, présentant des symptômes neurasthéniques et hypocondriaques. Mes soupçons de masturbation se confirment. Le malade fait des révélations très intéressantes sur sa vita sexualis.

À l’âge de dix ans, il s’est senti vivement attiré par le pied d’un camarade. À l’âge de douze ans, il a commencé à s’enthousiasmer pour les pieds de femmes. C’était pour lui un plaisir délicieux de les voir. À l’âge de quatorze ans, il commença à pratiquer l’onanisme, en se représentant dans son imagination un très beau pied de femme. À partir de ce moment, il s’extasiait

  1. pris de luxure, il embrasse et mord les chaussures, y presse ses organes génitaux puis éjacule sur les aisselles et la poitrine


  1. Au fétichisme du pied se rattachent évidemment ces faits de certains individus qui, non satisfaits par le coït ou incapables de l’accomplir, le remplacent par le tritus membri inter pedes mulieris [NdT : frottement du membre entre les pieds de la femme.]