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les bottines jouent un certain rôle : tantôt je suis couché aux pieds d’une dame pour renifler et lécher ses bottines.

Depuis un an, j’ai renoncé à l’onanisme et je vais ad puellas[ws 1] ; le coït ne peut avoir lieu que lorsque je concentre ma pensée sur des bottines de dame à boutons ; à l’occasion, je prends le soulier de la puella dans le lit. Je n’ai jamais eu de malaises à la suite de mes actes d’onanisme d’autrefois. J’apprends avec facilité, j’ai une bonne mémoire et jamais de ma vie je n’ai eu de maux de tête. Voilà tout ce qui concerne ma personne.

Encore quelques mots concernant mon frère. J’ai la ferme conviction que, lui aussi, il est fétichiste du soulier ; parmi les nombreux faits qui me le prouvent je ne relève que le suivant : il éprouve un immense plaisir à se laisser piétiner sur le corps par une belle cousine. D’ailleurs je me fais fort de dire d’un homme qui s’arrête devant un magasin de chaussures pour regarder les marchandises, si c’est un « amant des souliers » ou non. Cette anomalie est très fréquente ; quand, en compagnie de camarades, j’amène la conversation sur la question de savoir qu’est-ce qui excite le plus chez la femme, j’entends très souvent déclarer que c’est plutôt la femme habillée que la femme nue ; mais chacun se garde bien de nommer son fétiche spécial.

Je suppose aussi qu’un de mes oncles est fétichiste du soulier.


Observation 61 (Rapportée par Mantegazza dans ses Études anthropologiques.) – X…, américain, de bonne famille, bien constitué au point de vue physique et moral, n’était, depuis l’âge de la puberté, excité que par des souliers de femme. Le corps de la femme et même le pied nu ou seulement chaussé d’un bas ne lui faisaient aucune impression, mais le pied chaussé d’un soulier ou même le soulier seul lui causaient des érections et même des éjaculations. Il lui suffisait seulement de voir des bottes élégantes, c’est-à-dire des bottines de cuir noir boutonnées sur le côté, et avec de hauts talons. Son instinct génital était puissamment excité lorsqu’il touchait ou embrassait ces bottines ou bien qu’il s’en chaussait. Son plaisir augmente quand il peut planter des clous dans les talons, de façon à ce qu’en marchant les pointes des clous s’enfoncent dans sa chair. Il en éprouve des douleurs épouvantables mais en même temps une véritable volupté. Son suprême plaisir est de se mettre à genoux devant les beaux pieds d’une dame élégamment chaussée et de se laisser fouler par ces pieds. Si la porteuse de ces souliers est une femme

  1. aux prostituées