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Le récit de cette maladie que nous venons de reproduire, s’étend jusqu’à une période récente, pendant laquelle L… m’a donné par correspondance des renseignements sur son état de santé.

L’histoire qu’on vient de lire, se passe de longs commentaires. Elle me paraît une des images les plus exactes de la maladie ; elle est de nature à éclaircir l’affinité supposée par Krafft-Ebing entre le fétichisme des chaussures et le masochisme[1].

Le principal plaisir pour le malade c’est, comme il l’a déclaré toujours et sans que par des questions on lui ait suggéré sa réponse, la soumission à la femme qui doit être placée bien au-dessus de lui et par sa fierté et par sa grande position sociale.


Nombreux sont les cas où, dans les limites de la sphère des idées masochistes complètement développées, le pied, la bottine ou la botte d’une femme, considérés comme instruments d’humiliation, deviennent l’objet d’un intérêt sexuel tout à fait particulier. Dans leurs gradations nombreuses qu’on peut facilement suivre, ils représentent la transition bien reconnaissable vers d’autres cas dans lesquels les penchants masochistes sont de plus en plus relégués au second rang et peu à peu échappent à la conscience, tandis que l’intérêt pour le soulier de la femme reste vivace dans la conscience et présente un penchant en apparence inexplicable. Ce sont de nombreux cas de fétichisme de la chaussure.

Les adorateurs si nombreux des souliers qui, comme tous les fétichistes, offrent aussi quelque intérêt au point de vue médico-légal (vol de chaussures), forment la limite entre le masochisme et le fétichisme.

On peut les considérer pour la plus grande partie ou même

  1. Le docteur Moll (op. cit., p. 130) fait cependant remarquer, contre cette manière de voir, dans le fétichisme du pied et des chaussures un phénomène de masochisme parfois latent et inexplicable : que le fétichiste préfère souvent des bottines à hauts talons, des chaussures d’une forme particulière, tantôt celles à boutons, tantôt les vernies. Contre cette objection il faut remarquer d’abord que les hauts talons caractérisent la bottine de la femme et qu’ensuite le fétichiste, abstraction faite du caractère sexuel de son penchant, a l’habitude d’exiger de son fétiche certaines particularités de nature esthétique. Comparez plus loin, Observation 90.