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idées sur ce sujet lui sont venues pendant qu’il était à l’état de veille et non en rêve.

À partir de l’âge de dix ans et jusqu’à quatorze ans, L… cherchait toujours à toucher les bottines de ses camarades et même celles des petites filles ; mais il ne choisissait que des camarades dont les parents étaient riches ou nobles. Un de ses condisciples, fils d’un riche propriétaire, avait des bottes d’écuyer ; L…, en l’absence de son camarade, prenait souvent ces bottes dans ses mains, se frappait avec sur le corps ou les pressait sur sa figure. L… fit de même avec les bottes élégantes d’un officier de dragons.

Après la puberté, le désir se porta exclusivement sur les chaussures de femmes. Entre autres, pendant la saison de patinage, le malade cherchait par tous les moyens l’occasion d’aider aux femmes et aux filles à attacher ou à ôter leurs patins ; mais il ne choisissait que des femmes ou des filles riches et distinguées. Quand il passait dans la rue ou ailleurs, il ne faisait que guetter les bottines élégantes. Sa passion pour les chaussures allait si loin qu’il prenait le sable ou la crotte qu’elles avaient foulé et le mettait dans son porte-monnaie et quelquefois dans sa bouche. N’ayant encore que quatorze ans, L… allait au lupanar et fréquentait un café-concert uniquement pour s’exciter par la vue de bottes élégantes ; les souliers avaient moins de prise sur lui ; sur ses livres d’école et sur les murs des cabinets il dessinait toujours des bottes. Au théâtre, il ne regardait que les souliers des dames. L… suivait dans les rues et même sur des bateaux à vapeur, pendant des heures entières, les dames qui portaient des bottines élégantes ; il songeait en même temps avec enchantement comment il pourrait arriver à toucher ces bottines. Cette prédilection particulière pour les bottines s’est conservée chez lui jusqu’à maintenant. L’idée de se laisser piétiner par des dames bottées ou de pouvoir baiser ces bottines procure à L… la plus grande volupté. Il s’arrête devant les magasins de chaussures, rien que pour contempler les bottines. C’est surtout la forme élégante de la bottine qui l’excite.

Le patient aime surtout les bottines boutonnées très haut ou lacées très haut, avec des talons très hauts ; mais les bottines moins élégantes, même avec des talons bas, excitent le malade si la femme est très riche, de haute position, et surtout si elle est fière.

À l’âge de vingt ans, L… tenta le coït, mais ne put y réussir, « malgré les plus grands efforts », comme il le dit. Pendant sa