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fait semblant d’opposer une résistance et de proférer des injures. Seuls, dans ces conditions, les coups de fouet ou de verge produisent une excitation qui aboutit à l’éjaculation. »

L’ouvrage d’O. Zimmermann (Die Wonne des Leids, Leipzig, 1885) renferme bien des documents sur ce sujet, puisés dans l’histoire de la littérature et de la civilisation[1].

Plus récemment ce sujet a attiré l’attention.

A. Moll, dans son ouvrage Les perversions de l’instinct génital (édition française : Paris, Carré, 1893), cite une série de cas de masochisme qu’on a observés chez des individus atteints d’inversion sexuelle, entre autres le cas d’un masochiste à inversion sexuelle qui donne à un homme habitué à cela une instruction détaillée en vingt paragraphes pour se faire traiter en esclave et torturer.

Au mois de juin 1891, M. Dimitri von Stefanowsky, actuellement substitut du procureur impérial à Iaroslav, en Russie, m’a dit que depuis trois ans déjà il a porté son attention sur ce phénomène de perversion de la vita sexualis que j’ai décrit sous le nom de masochisme, mais qu’il a désigné par le mot de « passivisme ». Il y a un an et demi il a fait présenter par le professeur Kowalewsky de Charkow un travail sur ce sujet dans les Archives russes de psychiatrie, et, au mois de novembre 1888, il a fait à la Société juridique de Moscou une conférence sur ce sujet au point de vue juridique et psychologique (reproduite dans le Juridischen Boten, organe de la société en question).

  1. Il faut cependant bien séparer le masochisme de la thèse principale soutenue dans cet ouvrage, que l’amour contient toujours une part de douleur. De tout temps on a dépeint les langueurs de l’amour non partagé comme pleines de délices et de souffrances à la fois, et les poètes ont parlé des « tortures délicieuses » de la « volupté douloureuse ». Il ne faut pas confondre cela avec les phénomènes du masochisme, ainsi que le fait Zimmermann. De même on ne peut comprendre dans cette catégorie les cas où l’on appelle cruelle l’amante qui ne veut pas se livrer. Toutefois, il est curieux de remarquer que Hamerling (Amor und Psyche, 4e chant), pour exprimer ce sentiment, a choisi des images tout à fait masochistes, telles que la flagellation, etc.