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aucune explication. Est-il possible de trouver une explication de ce phénomène ? C’est une question qui nous occupera plus loin.

Chez Baudelaire, un auteur français célèbre ou plutôt mal réputé et qui a fini dans l’aliénation mentale, on trouve des éléments de masochisme et de sadisme. Baudelaire est aussi issu d’une famille d’aliénés et d’exaltés. Il était dès son enfance physiquement anormal. Sa vita sexualis était certainement morbide. Il entretenait des liaisons amoureuses avec des personnes laides et répugnantes, des négresses, des naines, des géantes. Il exprima à une très belle femme le désir de la voir suspendue par les mains pour pouvoir baiser ses pieds. Cet enthousiasme pour le pied nu se montre aussi dans une de ses poésies enfiévrées comme un équivalent de la jouissance sexuelle. Il déclarait que les femmes sont des animaux qu’il faut enfermer, battre et bien nourrir. Cet homme qui avouait ses penchants masochistes et sadistes, a fini dans l’idiotie paralytique (Lombroso : L’homme de génie).

Dans les ouvrages scientifiques on n’a, jusqu’à ces temps derniers, prêté aucune attention aux faits qui constituent le masochisme. On doit rappeler cependant que Tarnowsky (Die krankhaften Erscheinungen des Geschlechtssinns, Berlin, 1866) a rencontré dans sa pratique des hommes intelligents, très heureux en ménage, qui de temps en temps éprouvaient le désir irrésistible de se soumettre aux traitements les plus brutaux et les plus cyniques, de se faire injurier et battre par des Cynèdes, des pédérastes actifs ou des prostituées.

À remarquer aussi le fait observé par Tarnowsky, que, chez certains individus adonnés à la flagellation passive, les coups seuls, quand même ils font saigner le corps, n’amènent pas toujours le succès désiré (puissance ou du moins éjaculation au moment de la flagellation). « Il faut alors déshabiller de force l’individu en question, lui ligoter les mains, l’attacher à un banc, etc. ; pendant ces manœuvres, il