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manifeste que dans le domaine de l’imagination et de la vie intérieure des idées et de l’instinct, et n’arrive que rarement à la connaissance d’autrui, paraissent être assez fréquents. Leur signification pratique, comme en général celle du masochisme qui n’offre pas un aussi grand intérêt médico-légal que le sadisme, consiste uniquement dans l’impuissance psychique dans laquelle tombent ordinairement les individus atteints de cette perversion ; leur portée pratique consiste en outre dans un penchant violent à la satisfaction solitaire sous l’influence d’images adéquates et dans les conséquences que ces pratiques peuvent entraîner.

Le masochisme est une perversion très fréquente, cela ressort suffisamment de ce qu’on en a déjà cité scientifiquement des cas relativement très nombreux ; les diverses observations publiées plus haut en prouvent aussi la grande extension.

Les ouvrages qui s’occupent de la prostitution des grandes villes contiennent également de nombreux documents sur cette matière[1].

Un fait intéressant et digne d’être noté, c’est qu’un des hommes les plus célèbres de tous les temps ait été atteint de cette perversion et en ait parlé dans son autobiographie bien qu’avec une interprétation quelque peu erronée.

Il ressort des Confessions de Jean-Jacques Rousseau que ce grand homme était atteint de masochisme.

Rousseau, dont la vie et la maladie ont été analysées par Mœbius (J.-J. Rousseau Krankheitsgeschichte, Leipzig 1889) et par Châtelain (La folie de J.-J. Rousseau, Neuchâtel 1890) raconte dans ses Confessions (1ère partie, Ier livre) combien Mlle Lambercier, alors âgée de trente ans, lui en imposait lorsque, à l’âge de huit ans, il était en pension et en apprentissage chez le frère de cette demoiselle. L’irritation de la dame, quand il ne savait promptement répondre à une de ses

  1. Léo Taxil (op. cit., p. 238), donne la description de scènes masochistes dans les bordels de Paris. Là aussi on appelle « esclave » l’homme atteint de cette perversion.