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plus étrange ; c’est une comédie compliquée pour satisfaire des désirs masochistes.


OBSERVATION 56 (Dr Pascal, ibid.) – À Paris, un individu se rendait à des soirées fixées d’avance dans un appartement dont la propriétaire était disposée à se prêter à ses penchants étranges. Il entrait en tenue de soirée dans le salon de la dame qui devait le recevoir en grande toilette et d’un air hautain. Il l’appelait « marquise » et elle devait l’appeler : « mon cher comte ». Il parlait ensuite du bonheur de la trouver toute seule, de son amour et de l’heure du berger. La dame devait alors jouer le rôle d’une dame froissée dans sa dignité. Le prétendu comte s’enflammait de plus en plus et demandait à la pseudo-marquise de lui poser un baiser sur l’épaule. Grande scène d’indignation ; elle sonne, un valet loué exprès à cet effet, entre et met le comte à la porte. Le comte s’en va très content et paie richement les personnes qui ont joué cette comédie préparée.


Il faut distinguer de ce « masochisme symbolique » le « masochisme idéal » dans lequel la perversion psychique reste dans le domaine de l’idée et de l’imagination et n’essaie jamais de transporter dans la réalité les scènes rêvées. On peut considérer comme exemples de « masochisme idéal » les observations 49 et 53. On peut y faire rentrer aussi les deux cas suivants : le premier concerne un individu taré physiquement et intellectuellement, portant des marques de dégénérescence, et chez lequel l’impuissance physique et psychique s’est produite très tôt.


OBSERVATION 57. – M. Z…, vingt-deux ans, célibataire, m’a été amené par son tuteur pour consultation médicale, le jeune homme étant très nerveux et, de plus, sexuellement anormal. Son père, au moment de la conception, avait une maladie de nerfs.

Le malade était un enfant vif et doué de talents. On constata chez lui la masturbation dès l’âge de sept ans. À partir de neuf ans, il devint distrait, oublieux, ne pouvant faire de progrès dans ses études.

On était obligé de l’aider par des répétitions et par protection ; c’est avec beaucoup de peine qu’il put finir ses classes au Real-gymnasium ; pendant son année de volontariat, il se fit remarquer