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le moins du monde de sa maladie. L’accès revenait une ou deux fois par an. (Tarnowsky, op. cit.)


OBSERVATION 48. – X…, trente-quatre ans, très chargé, souffre d’inversion sexuelle. Pour plusieurs raisons, il n’a pas trouvé l’occasion de se satisfaire avec un homme, malgré ses grands besoins sexuels. Par hasard, il rêva, une nuit, qu’une femme le fouettait. Il eut une pollution.

Ce rêve l’amena à se laisser fouetter par des mérétrices, pour remplacer chez lui l’amour homosexuel. Conducit sibi non nunquam meretricem, ipse vestimenta sua omnia deponit, dum puellæ ultimum tegumentum deponere non licet, puellam pedibus ipse percutere, flagellare, verberare jubet. Qua re summa libidine affectus pedem feminæ lambit quod solum eum libidinosum facere potest : tum ejaculationem assequitur.[ws 1] Aussitôt l’éjaculation produite, il est pris du plus grand dégoût d’une situation moralement si avilissante, il se dérobe ensuite le plus rapidement possible.


Il y a aussi des cas où la seule flagellation passive constitue tout ce que rêve l’imagination des masochistes, sans autres idées d’humiliation, et sans que l’individu se rende nettement compte de la véritable nature de cette marque de soumission.

Ces cas sont très difficiles à distinguer de ceux du flagellantisme simple et réflexe. Ce qui permet alors de faire le diagnostic différentiel, c’est la constatation de l’origine primitive du désir avant toute expérience de l’effet réflexe (voir plus haut), et aussi ce fait que dans les cas de masochisme vrai, il s’agit ordinairement d’individus déjà pervers dès la première jeunesse et chez qui la réalisation du désir souvent n’est pas mise à exécution ou produit une déception (voir plus haut), puis que tout se passe dans le domaine de l’imagination.

À ce propos, nous citerons un autre cas de masochisme typique dans lequel toute la sphère des représentations particulières à cette perversion paraît complètement atteinte. Ce cas pour lequel nous avons une autobiographie détaillée de l’état psychique du malade, ne diffère de l’observation 44 que

  1. Il ne se laisse jamais toucher par une prostituée ; il ôte lui-même ses vêtements et n’autorise pas la fille à l’aider. Il ordonne alors à celle-ci de lui donner des coups de pieds, de le flageller, de l’injurier ; après quoi il lui lèche les pieds avec la plus grande volupté afin de s’exciter, puis il éjacule.