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siaque. Souvent elle est suivie d’une déception plus ou moins vive, ce qui arrive toutes les fois que le but du masochiste qui veut se créer par l’illusion la situation tant désirée d’être à la merci de la femme, n’est pas atteint et que la femme qu’il a chargée d’exécuter cette comédie apparaît comme l’instrument docile de sa propre volonté. À ce sujet comparez les trois cas précédents et l’observation 50, plus loin.

Entre le masochisme et le simple réflexe des flagellants, il y a un rapport analogue à celui qui existe entre l’inversion sexuelle et la pédérastie acquise.

Cette manière de voir n’est nullement infirmée par le fait que chez le masochiste la flagellation peut aussi amener un effet réflexe et qu’une punition corporelle reçue dans la jeunesse peut éveiller pour la première fois la volupté et faire en même temps sortir de son état latent la vita sexualis du masochiste.

Il faut qu’alors le fait soit caractérisé par les circonstances énumérées plus haut pour pouvoir être considéré comme masochisme.

Quand on ne possède pas de détails sur l’origine des cas, les circonstances accessoires, comme celles que nous avons citées, peuvent tout de même en faire reconnaître clairement le caractère masochiste. C’est ce qui arrive dans les deux cas suivants.


OBSERVATION 47. – Un malade du docteur Tarnowsky a fait louer, par une personne de confiance, un appartement, pour les périodes de ses accès, et il a fait instruire le personnel (trois prostituées) de tout ce qu’on doit lui faire.

Il venait de temps en temps ; alors on le déshabillait, on le masturbait, on le flagellait, ainsi qu’il l’avait ordonné. Il faisait semblant d’opposer une résistance, demandait grâce ; alors on lui donnait à manger, comme c’était dans les instructions, on le laissait dormir, mais on le retenait malgré ses protestations, et on le battait s’il se montrait récalcitrant.

Ce manège durait quelques jours. L’accès passé, on le relâchait, et il rentrait chez sa femme et ses enfants qui ne se doutaient pas