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fisait même de raconter de pareilles scènes à une belle fille. Ce récit provoquait de l’orgasme, et il arrivait la plupart du temps à l’éjaculation.

Il s’ajouta de bonne heure à cet état une représentation fétichiste vivement impressionnante. Il s’aperçut qu’il n’était attiré et satisfait que par des femmes qui portaient des jupons courts et des bottes montantes (costume hongrois). Il ignore comment cette idée fétichiste lui est venue. Même chez les garçons, la jambe chaussée d’une botte montante le charme, mais c’est un charme purement esthétique et sans aucune note sensuelle ; il n’a d’ailleurs jamais remarqué en lui des sentiments homosexuels. Le malade attribue son fétichisme au fait qu’il a une prédilection pour les mollets. Mais il n’est excité que par un mollet de femme chaussé d’une botte élégante. Les mollets nus et en général les nudités féminines n’exercent pas sur lui la moindre impression sexuelle.

L’oreille humaine constitue pour le malade une représentation fétichiste accessoire et d’importance secondaire. Il éprouve une sensation à caresser les oreilles des belles personnes, c’est-à-dire d’individus qui ont l’oreille bien faite. Avec les hommes cette caresse ne lui procure qu’un plaisir faible, mais il est très vif avec les femmes.

Il a aussi un faible pour les chats. Il les trouve simplement beaux ; tous leurs mouvements lui sont agréables. L’aspect d’un chat peut même l’arracher à la plus profonde dépression morale. Le chat est pour lui sacré ; il voit dans cet animal, pour ainsi dire, un être divin. Il ne peut nullement se rendre compte de la raison de cette idiosyncrasie étrange.

Ces temps derniers, il a plus souvent des idées sadiques dans le sens de la flagellation des garçons. Dans l’évocation de ces images de flagellation, les hommes aussi bien que les femmes jouent un rôle, mais généralement ces dernières, et alors son plaisir est de beaucoup plus grand.

Le malade trouve qu’à côté de l’état de masochisme qu’il connaît et qu’il ressent, il y a encore chez lui un autre état qu’il désigne par le mot de « pagisme ».

Tandis que ses jouissances et ses actes masochistes sont tout à fait empreints d’un caractère et d’une note de sensualité brutale, son « pagisme » consiste dans l’idée d’être le page d’une belle fille. Il se représente cette fille comme tout à fait chaste, « mais piquante » et vis-à-vis de laquelle il occuperait la position d’un