Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.

masturbation psychique et manuelle, je l’engageai à se tenir à l’écart de toute excitation sexuelle, et je lui fis prévoir un traitement hypnotique pour le ramener tout doucement à la vita sexualis normale.


OBSERVATION 38 (Sadisme larvé.) – N…, étudiant, est venu au mois de décembre 1890 à ma clinique. Depuis sa plus tendre jeunesse, il se livre à la masturbation. D’après ses assertions, il a été sexuellement excité en voyant son père appliquer une correction à ses frères, et plus tard, lorsque le maître d’école punissait les élèves. Témoin de ces actes, il éprouvait toujours des sensations voluptueuses. Il ne sait pas dire au juste à quelle date ce sentiment s’est pour la première fois manifesté chez lui ; vers l’âge de six ans cela a déjà pu se produire. Il ne sait pas non plus précisément quand il a commencé à se masturber, mais il affirme nettement que son penchant sexuel a été éveillé à l’aspect de la flagellation des autres et que c’est ce fait qui l’a amené inconsciemment à se masturber. Le malade se rappelle bien que, dès l’âge de quatre ans jusqu’à l’âge de huit ans, il a été, lui aussi, à plusieurs reprises, fouetté sur le derrière, mais qu’il n’en a ressenti que de la douleur, jamais de la volupté. Comme il n’avait pas toujours l’occasion de voir battre les autres, il se représentait ces scènes dans son imagination. Cela excitait sa volupté, et alors il se masturbait. Toutes les fois qu’il le pouvait, il s’arrangeait à l’école de façon à pouvoir assister à la correction appliquée aux autres. Parfois il éprouvait le désir de fouetter lui-même ses camarades. À l’âge de douze ans, il sut décider un camarade à se laisser battre par lui. Il en éprouva une grande volupté. Mais lorsque l’autre prit sa revanche et le battit à son tour, il ne ressentit que de la douleur.

Le désir de battre les autres n’a jamais été très fort chez lui. Le malade trouvait plus de satisfaction à jouir des scènes de flagellation qu’il évoquait dans son imagination. Il n’a jamais eu d’autres tendances sadiques, jamais le désir de voir couler du sang, etc.

Jusqu’à l’âge de quinze ans, son plaisir sexuel fut la masturbation jointe au travail d’imagination dont il est fait mention plus haut.

À partir de cette époque, il fréquenta les cours de danse et les demoiselles ; alors ses anciens jeux d’imagination cessèrent presque complètement et n’évoquèrent que faiblement des sensa-