Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ce dernier acte n’était qu’un épisode de l’acte principal et n’a jamais pu complètement satisfaire son rut. Voilà pourquoi, après l’acte sexuel, il mutilait les cadavres.

Les médecins légistes admirent le cas de monomanie. Le conseil de guerre condamna B… à un an de prison.

(Michéa, Union méd., 1849. Lunier, Annales méd.-psychol., 1849, p. 153 Tardieu, Attentats aux mœurs, 1878, p. 114 Legrand, La Folie devant les Tribunaux, p. 524.)


c) Mauvais traitements infligés aux femmes (piqûres, flagellations, etc.)

À la catégorie des assassins par volupté et à celle des nécrophiles qui a beaucoup d’affinités avec la première, il faut joindre celle des individus dégénérés qui éprouvent du charme et du plaisir à blesser la victime de leurs désirs et à voir le sang couler.

Un monstre de ce genre était le fameux marquis de Sade[1], qui a donné son nom à cette tendance à unir la volupté à la cruauté.

Le coït n’avait pour lui de charme que lorsqu’il pouvait faire saigner par des piqûres l’objet de ses désirs. Sa plus grande volupté était de blesser des prostituées nues et de panser ensuite leurs blessures.

Il faut aussi classer dans cette catégorie le cas d’un capitaine dont l’histoire nous est racontée par Brierre de Boismont. Ce capitaine forçait sa maîtresse, avant le coït qu’il faisait

  1. Taxil (op. cit., p. 180) donne des renseignements détaillés sur ce monstre psychosexuel qui, évidemment, a dû présenter un état de satyriasis habituel associé à une paresthesia sexualis.

    De Sade était cynique au point de vouloir sérieusement idéaliser sa cruelle sensualité et se faire l’apôtre d’une doctrine fondée sur ce sentiment pervers. Ses menées étaient devenues si scandaleuses (entre autres il invita chez lui une société de dames et de messieurs qu’il mit en rut en leur faisant servir des bonbons de chocolat mélangés de cantharide) qu’on dut l’enfermer dans la maison de santé de Charenton. Pendant la Révolution (1790), il fut remis en liberté. Il écrivit alors des romans ruisselants de volupté et de cruauté. Lorsque Bonaparte devint consul, le marquis de Sade lui fit cadeau de la collection de ses romans, reliés avec luxe. Le consul fit détruire les œuvres du marquis et interner de nouveau l’auteur à Charenton, où celui-ci mourut en 1814, à l’âge de soixante-quatre ans.