146 SULAMITE — Le roi n’a aimé nulle femme autant qu’elle. Il ne la quitte pas d’une seconde. Le · bonheur rayonne dans ses yeux. Il verse sans compter ses grâces et ses présents à tous ceux qui l’ent0urent. Lui, le sage, Pavimelech, reste étendu à ses pieds et, tel un esclave, ne la quitte pas des yeux. —— Parle! —« O reine, quel supplice est le mien! Elle... elle est toute douceur, toute tendresse, tout amour! Timide et docile, elle ne voit et ne connaît que son amour, et ne traîne après elle ni jalousie, ni haine, ni envie... — Parle !... la reine eut un gémissement de rage. Ses doigts se crispèrent dans les boucles noires d’Eliav et convulsivement elle serra contre son corps la tête de Yadolescent, lui déchirant le visage à la broderie d’argent de sa tunique transparente. Cependant, autour de l’autel, devant l’effi— gie de la déesse, voilée de noir, au son félé des sistres et au tintement des tympanons, les prêtres et les prêtresses, en proie à un délire sacré, tournoyaient avec des cris semblables
Page:Kouprine - Sulamite.djvu/164
Cette page n’a pas encore été corrigée