sation de la passion dans l’union charnelle elle—même. Sulamite se donne avec la fougue et la science des étreintes innée dans l’Orientale, mais elle aime comme une sainte. C’est la ce que M. Kouprine a exprimé avec une force admirable. Dès le moment où, — ces quelques pages sont exquises et sentent le printemps — Sulamite rencontre Salomon, l’écoute, et lui avoue qu’elle l’aime, elle est supérieure a lui, et il le sent. Le roi qui peut tout ne peut apporter en dot ce que donne cette simple fille, les grâces d’une âme intacte dont sa virginité offerte n’est que le faible signe physique. Sulamite se couche humblement aux pieds de Salomon comme Ruth a ceux de Booz ou la mendiante aux pieds du pensif roi Cophétua : mais elle le domine moralement par la splendeur du total esprit de sacrifice. Elle écoute le Sage et l’interroge timidement: mais dans son silence a elle le Sage découvre des secrets plus profonds, il apprend des choses inconnues sur les mutualités de la passion et de la mort, sur la conciliation du désir et de l’amour, de la chair et de l’esprit. Par là Sulamite est grande, plus grande que le Roi des Rois, maître des soldats et des femmes. Le prince aux sept cents épouses et aux trois cents concubines a rencontré, une fois dans sa vie, la Femme, et un sentiment imprévisible s’est emparé de lui, et il croyait avoir
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