curiosité troublée, lui permettaient de s’emparer de leur âme comme de leur corps. Et quiconque avait une fois goûté ses caresses de fauve, ses baisers de sang, ne pouvait plus effacer la reine de sa mémoire. Même repoussé par elle, tel un esclave misérable, il demeurait à jamais enchaîné à ses charmes, prêt à commettre tous les crimes et à subir toutes les humiliations pour pouvoir la posséder encore. Ainsi font les infortunés qui ont un jour goûté aux songes enchanteurs que procure l’amer breuvage composé des pavots du pays d’Ophyr; ils n’adorent, ne révèrent que lui seul, jamais plus ils ne pourront sans arracher, jusqu’à ce que l'épuisement et la folie soient venu rompre le cours de leur vie.
Dans l'atmosphère suffocante, l’éventail se balançait lentement. En silence, remplis d’extase, les prêtres contemplaient leur terrible souveraine. Mais elle semblait avoir oublié leur présence. Par le rideau légèrement écarté, elle tenait son regard obstinément fixé vers le côté opposé du sanctuaire, à cet endroit même où jadis, entre les sombres contours des ri-