supérieur a la race fanatique dont il est issu et sachant faire de son corps et de sa pensée une synthèse de beauté harmonieuse et suprême. Nous en subissons avec admiration le spectacle. Et cependant, Salomon n’est que le second personnage de ce livre. Le premier, c’est Sulamite. Et Sulamite n’est qu’une simple fille des champs, une pastourelle, une petite vierge pauvre et ignorante. Mais elle possède une science divine et un éclat incomparable : elle aime.
Elle aime pour la première fois, et elle périra par cet amour, en le bénissant, après sept jours et sept nuits de rêve. Elle se donne a un inconnu, parce que l’amour l’a subjuguée. Elle apprend qu’il est le Roi des Rois, il la couvre de joyaux, il la fait trôner dans la gloire et le faste. Rien ne l’étonne et ne l’émeut. Elle ne voit, ne veut, ne sait que l’être qu’elle aime Et elle seule sait vraiment aimer, et Salomon est ébloui par la révélation de cet amour et reste penché sur cet abîme clair et mystérieux d’une âme d'adolescente. Il a desiré, il a possédé mille fois, et connu toutes les voluptés : mais il reste saisi de respect devant cette tendresse infinie que le délire sensuel seconde sans l’altérer. Il y a la, pour la première fois dans le monde païen, oriental,biblique, l'apparition du sentiment chrétien de l’Absolu dans l’Amour, de la spirituali-