est donc « flaubertien » tout au moins par la méthode de jalouse restitution documentaire (Gautier en prenait plus à son aise), et il a donné a Sulamite un cadre et un coloris propres autant que possible a transporter le lecteur dans un passé quasi-fabuleux et à l’y faire voir, entendre et respirer.
C’est un mérite. Mais il me touche bien moins que la qualité ravissante du sentiment qui baigne ce petit livre. Il est plein d’un frais amour. Nous voyons bien l’ingénieux assemblage d’éléments archaïques et ethniques, de métaphores brillantes, d’anecdotes choisies dans la Bible, qui peut nous imposer une grande idée du personnage de Salomon. M. Kouprine l’a d’ailleurs composé sans obéissance stricte a la version biblique, Il en fait un sage, un mage, un enchanteur présageant Prospero, plus commandeur des croyants que roi d’Israël, s’enquérant de toutes sciences, protégeant tous les cultes, cherchant jusque dans les « faux dieux », les prestiges et les pressentiments épars du Divin consenti par l’appel obscur de toutes les âmes. Là ou la Bible condamne avec fureur Salomon pour avoir désobéi à Jahveh et sacrifié aux idoles étrangères, M. Kouprine nous présente un prince métaphysicien en qui s’incarnent le fatalisme oriental, un génie lucide et réalisateur, ouvert a toutes les formes de l’esprit,