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et si rares, que le grand-prêtre lui-même n’en possédait pas de pareilles.

Suspendue à ses lèvres, Sulamite l’écoutait parler de l’essence secrète des gemmes, de leurs propriétés magiques et de leur sens occulte.

— Voici, disait le roi, l’anthrax, pierre sacrée du pays d’Ophir. Il est humide et chaud. Le vois-tu, rouge comme du sang, comme un coucher de soleil, comme la fleur épanouie du grenadier, comme le vin capiteux des vignobles d’Enguède, comme tes lèvres, ma Sulamite, comme tes lèvres à l’aube, après une nuit d’amour. C’est la gemme du sang, de la colère et de l’amour. Au doigt d’un homme que la fièvre accable et que grise le désir, elle se réchauffe et brûle d’une flamme intense. Passe-la à ton doigt, ma bien-aimée, et tu la verras s’illuminer. Pulvérisée dans de l’eau, elle donne, quand on la boit, l’incarnat au teint, le repos à l’estomac et la gaieté au cœur. Ceux qui la portent acquièrent l’art de dominer les hommes ; on s’en sert pour guérir les maladies du cœur, du cerveau et de la mé-