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— La combustion a duré une minute onze secondes. C’est une véritable victoire, mister Dibbl. Je vous garantis que dans un an nous remplirons d’immenses réservoirs d’un soleil doré, liquide et épais comme du mercure, et le contraindrons à nous éclairer, à nous réchauffer et à faire marcher toutes nos machines.

Quand nous revînmes vers minuit, nous apprîmes qu’aussitôt après notre départ, lady Chalsbury et mister de Monts de Riques avaient fait mine d’entreprendre une promenade, et, trouvant à un endroit convenu des mules sellées d’avance, avaient pris la fuite dans la direction de Quito.

Lord Chalsbury ne broncha pas. D’une voix où ne perçait aucune amertume, mais une douloureuse tristesse, il dit :

— Ah ! pourquoi ne m’ont-ils pas prévenu ? pourquoi ce mensonge ? comme si je ne voyais pas qu’ils s’aimaient ! Je ne les en eusse pas empêché !

Ici se terminent mes notes, d’ailleurs si endommagées par l’eau que je n’ai pu les reconstituer qu’à grand’peine, et ne suis pas tout à fait sûr de leur exactitude. Pour la suite, je ne réponds pas non plus de ma mémoire. N’est-ce pas toujours ainsi ? plus le dénouement approche, plus confus se font les souvenirs.

Pendant vingt-cinq jours environ, nous travaillâmes avec acharnement dans le laboratoire, remplissant cuvettes sur cuvettes de gaz solaire doré. Nous avions trouvé d’ingénieux régulateurs pour nos récepteurs de soleil. Nous avions adapté à chacun de ceux-ci un mouvement d’horlogerie et un remontoir aussi simple que