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septentrionale du volcan. Il était 9 heures du soir. La lune n’était pas encore levée. À nos côtés se tenaient deux porteurs nègres et mon mystérieux assistant Pierre. Dans l’ombre crépusculaire se dessinaient à peine les lignes menues des fils électriques que nous avions installés pendant la journée. Et sur un grand monticule de pierres reposait le récepteur n° 6 solidement assujetti aux blocs basaltiques et tout prêt à mettre en mouvement les obturateurs.

— Préparez le cordon, — ordonna lord Chalsbury, roulez la bobine en bas ; je suis trop fatigué et trop ému ; soutenez-moi, aidez-moi à descendre… Il me semble que nous sommes bien ici et que nous ne risquons pas d’être aveuglés. Songez, mon cher Dibbl, songez, mon cher garçon, que nous allons à l’instant illuminer le monde de lumière solaire condensée en gaz. Allô ! Allumez le fil !

Le serpent enflammé du coton poudre grimpa rapidement la pente et disparut sur le rebord de l’escarpement au pied duquel nous nous trouvions. Mon ouïe attentive saisit le claquement instantané annonçant la prise de contact et le vrombissement des moteurs. D’après nos calculs, le gaz solaire devait sortir de la cuvette en une série d’explosions continues : environ six mille à la seconde. Au même moment se leva au-dessus de nos têtes un éblouissant soleil : un bruissement courut dans les feuilles d’arbres, les nuages se colorèrent de tons roses, les toits et les vitres des lointaines maisons de Quito scintillèrent, et nos coqs domestiques saluèrent son apparition d’une bruyante fanfare.

Et quand la lumière se fut éteinte aussi instantanément qu’elle était apparue, le Maître regarda le secondomètre à la lueur d’une lampe électrique de poche et me dit :