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— Oui, répondis-je avec une chaude conviction, j’y crois et je m’incline devant la sublimité du génie humain.

— Nous irons tous deux beaucoup plus loin. Nous amènerons la température intérieure du cylindre à — 275°, au zéro absolu. Nous augmenterons la pression hydraulique jusqu’à mille, vingt, trente mille atmosphères. Nous remplacerons nos lentilles réceptrices de vingt centimètres par d’autres d’un mètre trente. Nous liquéfierons, d’après un procédé trouvé par moi, des kilos entiers de diamants, nous les fondrons en lentilles de la courbure voulue que nous enchâsserons dans nos tubes conducteurs de lumière… Peut-être ne vivrai-je pas jusqu’à l’époque où l’on pourra comprimer les rayons solaires jusqu’à liquéfaction, mais je crois, je sens que je les condenserai jusqu’à l’état gazeux. Si jamais je vois le fléau de la balance électrique s’incliner, ne fût-ce que d’un millimètre à gauche, ma joie n’aura pas de bornes.

Mais le temps passe. Allons déjeuner et, cet après-midi, nous mettrons en place les lentilles de diamant. Demain nous nous entraînerons au travail. La première semaine, vous ne serez auprès de moi qu’un simple ouvrier, un docile exécutant. La semaine suivante, nous changerons de rôle. La troisième, je vous donnerai un aide auquel vous enseignerez en ma présence la manipulation de tous les appareils. Alors, je vous laisserai pleine liberté d’action. J’ai confiance en vous, conclut-il en me tendant la main et en souriant d’un charmant et séduisant sourire.

J’ai conservé un souvenir très exact de cette soirée et du dîner chez lord Chalsbury. Lady