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dix fois ce petit levier rond. Tout est fini, mon cher : regardez bien comment il faut dévisser du cylindre le récipient. Le voici. Il ne contient pas plus de vingt livres. Ses obturateurs intérieurs s’isolent au moyen de vis microscopiques extérieures. J’ouvre dans toute la largeur le premier de ces obturateurs — le plus grand. Puis le second. Quant au dernier, je ne l’entr’ouvre que d’un diamètre égal à la moitié d’un micron. Mais auparavant, allez, je vous prie, fermer l’interrupteur de l’éclairage électrique.

J’obéis : une impénétrable obscurité envahit la salle.

— Attention ! me cria lord Chalsbury à l’autre bout du laboratoire. J’ouvre.

Une extraordinaire lumière dorée quasi fantastique se répandit soudain dans la salle, éclairant doucement, mais distinctement les murs, les appareils et la figure du maître. Au même instant, je sentis sur mon visage et mes mains une sorte de souffle chaud. Ce phénomène ne dura guère qu’une seconde et demie. Et de nouveau une profonde obscurité me céla tous les objets.

— Allumez ! commanda lord Chalsbury, et je l’aperçus sortant du réduit vitré. Son visage pâle respirait le bonheur et la fierté.

— Ce ne sont que les premiers pas, les premiers essais d’écolier, les premières semences, me dit-il en s’animant. Ce n’est pas encore du soleil condensé en gaz, mais seulement une substance impondérable rendue compacte. Pendant de longs mois, j’ai comprimé le soleil dans mes réservoirs, mais le contenu d’aucun d’entre eux n’est devenu plus lourd que l’extrémité d’un cheveu. Vous avez vu cette lumière délicieuse, égale, caressante. Croyez-vous maintenant à ma découverte ?