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un solide miroir d’argent, admirablement poli, sur le contour duquel étaient gravés des divisions et des chiffres. Trois raies parallèles d’un or vif, fines comme des rayures de télescope, presque contiguës les unes aux autres, coupaient la surface lisse du miroir.

— Voilà un petit puits qui nous permettra de surveiller secrètement le courant de lumière. Les trois raies sont trois reflets de trois miroirs intérieurs. Réunissez-les en une seule. Non, non, faites vous-même. Voyez : ces trois vis microscopiques vous permettent de changer la position des lentilles. Voici une très forte loupe. Réunissez les trois raies lumineuses en une seule, de manière à ce que le rayon unique ainsi formé tombe sur 0. C’est un travail fort simple. Vous l’exécuterez bientôt en une minute.

En effet, le mécanisme se montra fort docile et, au bout de trois minutes, je réussis, sans presque toucher aux vis délicates, à réunir les raies lumineuses en une ligne très prononcée, d’un éclat difficile à soutenir, et à l’introduire dans l’incision pratiquée sous le 0. Pour vérifier les douze autres « puits » de contrôle, l’aide de lord Chalsbury me fut inutile : je réussissais chaque fois de mieux en mieux. Mais dès le second étage, l’éclat de la lumière m’offusqua tellement la vue que des larmes me roulèrent le long des joues.

— Mettez ces conserves, dit le patron, en me tendant un étui.

Mais quand nous eûmes pénétré dans la chambre isolante pour vérifier le dernier cylindre, je dus y renoncer, mes yeux ne pouvant plus résister.

— Prenez des lunettes plus sombres, dit lord Chalsbury, — j’en ai jusqu’à dix numéros en réserve. Nous enchâsserons tantôt dans le cylindre principal les lentilles crue, vous avez