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il faut s’y prendre.

Et, avec l’adresse d’un ouvrier spécialiste, il se mit attentivement, presque amoureusement, à frotter les lentilles, au moyen d’une peau de chamois qu’il tira de sa poche de côté, enveloppée dans du papier de soie.

— Descendons maintenant, je vous initierai à vos autres fonctions.

Quand nous fûmes rentrés dans le laboratoire, il reprit ses explications :

— Vous devez ensuite « capter le soleil ». À cet effet, vous vérifiez chaque jour à midi ces deux chronomètres sur le soleil. Je les ai vérifiés hier. Vous connaissez le procédé, n’est-ce pas ? Vous regardez l’heure et déterminez le temps moyen : dix heures, trente et une minutes, dix secondes. Voici trois leviers courbes : le plus grand, pour les heures, le moyen pour les minutes, le petit pour les secondes. Faites attention : je tourne le grand levier jusqu’à ce que l’aiguille de l’indicateur marque dix heures. Voilà. Je place le second quelque peu en avance sur 36 minutes. Et j’amène le petit — pure fantaisie personnelle — sur 50 secondes. Maintenant, j’introduis ce bouchon à broches dans cette prise de courant. Entendez-vous des rouages grincer sous vos pieds ? C’est que mon geste a mis en branle un mouvement qui contraint le laboratoire et tout ce qu’il contient : coupole, instruments, lentilles et nous deux y compris, à suivre infailliblement la marche du soleil. Regardez le chronomètre, nous approchons de dix heures trente minutes. Encore cinq secondes. Nous y sommes. Vous remarquez que le mouvement d’horloge émet un autre son : c’est que les rouages des minutes commencent à fonctionner. Encore quelques secondes. Attention ! Voici le moment ! Ce nouveau son scande distinctement les secondes. C’est fini. Le soleil