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plus longtemps que les convenances ne l’eussent permis. Tout en lui me devenait de plus en plus désagréable : la mollesse mignarde du visage et des mains, la langueur fade et comme enveloppante des yeux, la désinvolture des poses, des mouvements, des intonations. Je le trouvais répugnant pour mon goût viril, tout en reconnaissant qu’il réunissait en lui tous les traits et toutes les qualités du séducteur né, volontiers cruel et peu délicat dans le choix de ses moyens d’action…

Après dîner, quand tous furent passés dans le salon et que mister de Monts de Riques eut demandé la permission d’aller fumer, je remis à lord Chalsbury les écrins aux diamants et lui dis :

— De la part de Maas et Daniels d’Amsterdam.

— Vous les avez apportés sur vous ?

— Oui, milord.

— Vous avez bien fait. Ces deux pierres me sont plus précieuses que tout mon laboratoire.

Il alla prendre dans son cabinet une loupe à octuple grossissement et considéra longuement et attentivement les diamants à la lueur d’une lampe électrique, puis, les remettant dans leurs écrins, il déclara sur un ton satisfait mais parfaitement calme :

— La polissure est vraiment irréprochable et d’une exactitude idéale. Je vérifierai dès ce soir les proportions des lentilles et la courbe de leurs surfaces et demain matin, mister Dibbl, nous les mettrons en place. Jusqu’à dix heures je m’occuperai de votre collègue, mister de Monts de Riques, et lui montrerai son futur domaine. À dix heures, je vous prie de bien vouloir m’attendre chez vous : j’irai vous prendre. Ah ! mon cher mister Dibbl, je pressens que nous ferons sérieusement avancer une des