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et, j’espère, amis, mister Dibbl et mister de Monts de Riques.

— Miss Sowtly, — continua-t-il en s’adressant à la vieille dame (parente éloignée et dame de compagnie de lady Chalsbury, comme nous l’apprîmes plus tard), je recommande à vos aimables prévenances mister Dibbl et mister de Monts de Riques.

Pendant le repas, à la fois simple et recherché, lord Chalsbury se montra le plus cordial des hôtes et le plus brillant des causeurs. Il s’enquit avec un vif intérêt des nouvelles politiques et scientifiques, s’informa de la santé de tel ou tel homme célèbre : au reste, si étrange que cela puisse paraître, il se révéla beaucoup mieux informé que nous deux. En outre, il faut avouer que sa cave était vraiment au-dessus de tout éloge.

Je jetais de rares, furtifs et rapides coups d’œil à lady Chalsbury. Elle prenait à peine part à la conversation et se contentait de lever de temps à autre ses sombres cils du côté de la personne qui parlait. Elle était beaucoup, beaucoup plus jeune que son mari. Dans le cadre d’une épaisse chevelure dorée, son beau visage pâle, qu’avait jusqu’alors épargné le hâle équatorial, et qu’animaient des yeux bleus, sérieux, presque tristes, resplendissait d’une étrange et malsaine beauté. Depuis sa taille fine et harmonieuse prise dans un fourreau de soie blanche jusqu’à ses mains blanches, délicates, aux doigts longs et frêles, tout son extérieur rappelait une fleur exotique, rare, magnifique, et peut-être vénéneuse, poussée sans lumière dans une serre humide et obscure.

Je m’aperçus que mister de Monts de Riques, assis en face de moi, caressait souvent la maîtresse de maison d’œillades significatives qui se prolongeaient peut-être une demi-seconde