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malfaiteur l’avait hypnotisé et contraint, dans un but criminel, à quitter l’Angleterre sans laisser de traces ; d’autres encore le croyaient aux mains de bandits qui le retenaient prisonnier dans l’espoir d’une énorme rançon ; enfin les plus perspicaces prétendaient que le grand savant avait entrepris une expédition secrète au pôle nord.

On apprit bientôt qu’avant sa disparition, lord Chalsbury, conseillé, semblait-il, par quelque financier habile et clairvoyant, avait fort avantageusement réalisé et transformé en argent liquide tous ses palais, parcs, tableaux, collections, terres, forêts, fermes, mines de charbon et de kaolin. Mais personne ne put savoir ce qu’étaient devenus ces immenses capitaux, non plus que les diamants de la famille Chalsbury, dont l’Angleterre tout entière s’enorgueillissait à juste titre. Toutes les recherches de la police et des détectives privés ne jetèrent aucun jour sur cette ténébreuse affaire. Au bout de deux mois, la presse et l’opinion, absorbées par d’autres nouvelles sensationnelles, l’oublièrent. Seules les revues scientifiques, qui consacrèrent de nombreux articles à la mémoire du disparu, ne cessèrent pendant longtemps encore de rappeler avec une émotion respectueuse et une pénétrante compréhension ses grands services envers la science dans le domaine de la lumière et de la chaleur : dilatation et condensation des gaz, thermostatique, thermométrique, thermodynamique, réfraction des rayons lumineux, théorie des lentilles et phosphorescence.

Le grondement traînant et lugubre d’un gong interrompit mes réflexions. Et presque