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les précipices les plus escarpés que nous fermions involontairement les yeux et nous cramponnions au pommeau de nos selles.

À cinq heures du soir, nous atteignîmes la zone des neiges. Le chemin s’élargit et s’aplanit : on devinait que des êtres civilisés y avaient travaillé. Une balustrade de pierre peu élevée surplombait les escarpements par trop raides.

À six heures, au débouché d’un petit tunnel, nous aperçûmes subitement quelques constructions à un étage, que dominait fièrement une coupole blanche semblable à celles des observatoires ou des églises byzantines. Un peu plus loin des cheminées de fer et de briques dressaient leurs bras vers le ciel. Au bout d’un quart d’heure nous étions arrivés.

Sur le seuil d’une maison plus élevée et plus spacieuse que les autres apparut un grand et sec vieillard à longue barbe blanche immaculée. Il se nomma : lord Chalsbury, et nous salua avec une cordiale politesse. Son aspect extérieur ne laissait pas deviner son âge : on pouvait tout aussi bien lui donner cinquante ans que soixante-quinze. Il avait de grands yeux bleus légèrement proéminents, de vrais yeux d’Anglais de vieille souche, vifs, clairs, perçants. Sa poignée de main était chaude, franche, virile ; des lignes d’un noble et élégant contour sillonnaient son front large et élevé. J’admirais la finesse de ses traits, et soudain j’eus l’impression très nette que ni le nom ni la physionomie de cet homme ne m’étaient inconnus.

— Votre venue me réjouit infiniment, nous dit lord Chalsbury, gravissant avec nous les marches