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— Excusez-moi. Je regrette beaucoup de ne pas être à même…

— Laissez. Je sais. Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter bon voyage.

Le soir même, je quittai Amsterdam. Les agents préposés à ma surveillance se conduisirent en effet si discrètement que je ne pus soupçonner aucun passager de faire partie de ma garde secrète. Mais quand, vers minuit, je descendis dans ma cabine, je la trouvai occupée par un inconnu barbu et large d’épaules, que je n’avais pas aperçu sur le pont. Dédaignant la couchette de réserve, il s’était enveloppé d’un plaid et reposait sur son pardessus étendu par terre près de la porte, un oreiller de caoutchouc sous la tête. Je lui fis remarquer avec une colère contenue que toutes les places de la cabine et toute sa contenance cubique d’air m’appartenaient intégralement. Mais il me répliqua tranquillement et en fort bon anglais :

— Calmez-vous, sir. J’ai ordre de passer cette nuit près de vous en qualité de fidèle dogue. Au reste, voici une lettre et un paquet de la part de M. Daniels.

Courte et aimable, la lettre du vieux Juif disait :

« Ne refusez pas d’accepter, en souvenir de notre rencontre, la bague ci-jointe, cette amulette n’a pas grande valeur, mais préserve des dangers sur mer. Elle porte une inscription ancienne, dans la langue, je crois, des anciens Incas.

« Daniels. »

Le paquet contenait un rubis plat monté en bague et sur lequel apparaissaient gravés quelques signes étranges.

Mon « dogue » ferma la cabine à clef, plaça