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européens, — nous entonnâmes le plus faussement du monde :

Rule Britannia : Britannia rule the waves !

Britons never will be slaves !

Le garçon entra et s’adressant avec déférence à mister Nidston :

— Pardonnez-moi, sir, dit-il, je vous écoutais avec ravissement et n’ai jamais entendu mieux chanter même à Covent Garden. Toutefois dans le cabinet voisin se réunissent quelques amateurs de musique française médiévale… Je ne sais si je vous redis bien exactement le titre de leur club, mais en tout cas ces honorables gentlemen ont l’oreille fort capricieuse…

— Vous avez raison, — répondit modestement l’homme d’affaires, et c’est pourquoi je vous prie d’accepter en souvenir ce jeton jaune à l’effigie de notre bon roi.

Je transcris, telle que je la trouve notée sur mon carnet, la liste des maisons que je visitai après avoir franchi la Manche : Prazmowski à Paris ; Repsold à Hambourg ; Zeiss, Schott frères et Slattf à Iéna ; Fraunhofer, Utschneider et Merz à Munich ; Schik, Bennek et Bassermann à Berlin.

D’une précision méticuleuse, l’itinéraire composé par mister Nidston et écrit de sa propre main indiquait jusqu’aux heures des trains et aux adresses de confortables hôtels anglais. Mais là aussi sa bizarre et originale nature ne manqua pas de se révéler. Dans le coin d’une des pages couvertes de sa ferme écriture pointue, il avait crayonné cette courte sentence : « Si Chans et C° étaient de véritables Anglais,