Page:Kouprine - Le Bracelet de grenats, 1922.djvu/237

Cette page n’a pas encore été corrigée

de taille moyenne, mais le plus vieux, accoutré d’un long veston de travail, était maigre, brun, jaune de visage et sévère d’aspect, tandis que l’autre, revêtu d’une redingote neuve à revers de soie, se prélassait nonchalamment, les jambes croisées, et étalait un teint vermeil, des yeux bleus et des joues rebondies. Je me nommai et saluai ces Messieurs d’une inclination de tête, légère, mais suffisamment respectueuse. Puis, voyant qu’on ne m’offrait pas de siège, je me disposai à prendre place sur le divan.

— Attendez, — fit l’homme brun. Enlevez d’abord votre veste et votre gilet, le docteur va vous examiner.

Je me rappelai le passage de l’annonce exigeant une irréprochable santé et obtempérai sans mot dire à cette injonction. Le gros homme se leva paresseusement et, m’enlaçant du bras, colla son oreille à ma poitrine.

— Enfin, jeta-t-il négligemment, celui-ci au moins porte du linge propre !

Il ausculta attentivement mes poumons et mon cœur, me frappa des doigts sur le dos et le thorax, puis, m’ayant fait asseoir, vérifia les réflexes nerveux de mes genoux et finalement déclara en traînant les mots :

— Il se porte comme poisson dans l’eau, mais n’a peut-être pas suffisamment mangé ces temps derniers. Pure bagatelle, d’ailleurs, affaire d’une quinzaine de bonne nourriture. Fort heureusement pour lui, je n’ai même remarqué aucune trace de surmenage sportif, comme il est de règle chez les jeunes gens. En un mot, Mister Nidston, je vous recommande ce gentleman comme un excellent et presque parfait spécimen de la saine race anglo-saxonne. Vous n’avez plus, je crois, besoin de moi ?

— Vous êtes libre, docteur, répondit l’homme