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d’une nationalité Rousso-Ukranienne ? Est-ce que l’union apparente parmi les populations habitant la vaste surface de la Russie méridionale était assez évidente pour qu’on puisse en former un groupe ethnographique ?

Les chroniques ne le disent pas exactement. Plus heureuse a été en ceci la Russie blanche. Son peuple, sous le nom de Krivitch, occupait déjà le territoire qu’il occupe encore à présent et qui formait deux parties, à l’est et à l’ouest.

Anciennement, on mentionnait les peuples du Midi sans leur donner un nom générique, le même pour tous. Mais ce que le chroniqueur a omis dans sa description ethnographique, l’histoire nous le révèle grâce à l’analogie entre les grands rameaux ethnographiques anciens et ceux qui existent aujourd’hui. La ressemblance entre la langue ukranienne et le parler de Novgorod démontre que très anciennement il existait une nationalité ukranienne. C’était un type slave qui comprenait différentes portions du peuple. Depuis lors, il s’est passé tant d’événements, tant de révolutions qui ont aidé à diminuer, à effacer ces traits de ressemblance, et pourtant cette ressemblance existe encore, il est impossible de la nier.

On ne peut l’expliquer par le hasard, ni se tirer d’affaire en citant les nombreuses traces de langue ukranienne qu’on trouve abondamment répandue dans les provinces de la Grande Russie.

Il est évident que si quelques traits de ressemblance se trouvent ci et là, il ne faut pas conclure que tel ou tel peuple ait été dans l’ancien temps étroitement apparenté à tel autre.

Mais si l’on recueille un très grand nombre de ces traits prouvant que le caractère du parler ukranien se retrouve dans le langage de Novgorod, on ne pourra douter que les Slaves de l’Ilmen n’aient été beaucoup plus rapprochés des Ukraniens-Roussines que ceux-ci des autres Slaves de la Russie actuelle. Dans les temps anciens, cette parenté était plus évidente et plus sensible, elle se fait bien voir dans les anciennes chroniques de Novgorod et dans les plus anciens documents littéraires. Cette parenté devait remonter aux temps les plus reculés, car entre ces pays séparés par des nationalités, des races différentes, il n’y avait pas de rapports assez fréquents et assez intimes pour que des distinctions ethnographiques puissent passer d’un peuple à l’autre, il est donc certain que le commencement, la source de cette parenté