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« Seigneur aie pitié ou bien, ô Seigneur, aie pitié », il faut pourtant dire qu’il est improbable que ces questions aient occupé les esprits du peuple du nord, car cette question de l’alléluiah ne nous est connue que par la vie d’Ephrosine, œuvre si suspecte que beaucoup croient qu’elle ne nous est parvenue que réarrangée par les sectaires, qui cherchaient à donner de l’importance à cette question, l’un des principaux motifs qui ont causé le schisme des vieux croyants ; de plus, dans la même biographie, on voit que Pskof supportait la tregouba et non la sougouba de l’alléluiah ! plus répandu, plus remarquable était un autre mouvement hérétique qui parut pour la première fois à Strigolniki, il avait pendant des siècles couvé dans les esprits et se manifesta ensuite par un mélange de différentes sectes groupées autour d’une hérésie judaïsante par Joseph Volotski dans son ouvrage « Prosvétitel » ; ce mouvement, purement novgorodien d’abord, se répandit ensuite dans toute la Rouss et pendant longtemps se souleva, sous différentes formes en opposition à l’autorité. Nous ne disons pas toutefois que ce mouvement réformateur ait eu de grands succès à Novgorod et à Pskof ; il montre pourtant que le peuple ukranien, en s’éloignant de l’Église suivait une autre voie que le peuple grand-russien.

Pour la Russie méridionale, après les événements passagers du XIe et du XIIe siècles, on ne trouve pas d’essais d’oppositions à la science ecclésiastique, mais c’est seulement au XVIe siècle qu’on vit l’arianisme, lorsque Simon Boudny publia son catéchisme en langue ukranienne et, d’après le témoignage du clergé uniate, quelques prêtres, par ignorance et sans s’en rendre compte, confessaient cette hérésie, mais elle n’eut pas de succès dans la masse du peuple.

La seule séparation de l’orthodoxie qui se voit jusqu’à un, certain point répandue dans le peuple, c’est l’union avec l’église catholique romaine (de là la religion uniate), mais il est certain qu’elle a été introduite par les intrigues et la force, et à l’aide de la noblesse qui tendait au catholicisme, mais dans le peuple elle trouva une opposition opiniâtre et sanglante.

Le peuple russien-blanc, d’une nature généralement plus douce et plus flexible, se soumit plus tôt à l’oppression et montra plus d’inclination, sinon à accepter l’union volontairement, du moins à permettre son introduction puisqu’on ne pouvait s’y opposer