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toire de la Grande Russie, ici nous ne traitons que des oppositions de principes généraux distinguant les nationalités.

Remarquons pourtant que Moscou, comme l’ancienne Rome avait une population hétérogène et qu’elle se maintint longtemps par l’immigration d’habitants de toutes les parties de la Russie. C’est ce qu’on remarque surtout dans la classe supérieure, les Boïars, et aussi dans les nombreuses milices. Ils recevaient des grands ducs des terres dans les provinces de Moscou, de sorte que ce mélange de la population se voyait non seulement dans la ville, mais jusque dans les districts contigus.

Dans ces conditions, les principes apportés de leurs divers pays, dans leur nouvelle demeure par les émigrants, en se confondant, devaient naturellement produire quelque chose de nouveau, d’original, ne ressemblant en rien aux anciennes idées. Novgorodiens, Souzdaliens, Polotzkois, Kievains, Volhyniens accouraient à Moscou, chacun avec les idées, les traditions de son ancienne patrie, se les communiquaient les uns aux autres, mais elles cessèrent d’être pour le commun ce qu’elles avaient été pour les premiers en particulier. Une population aussi mélangée montre toujours le besoin d’élargir son territoire, de faire des acquisitions aux dépens d’autrui, le désir d’absorber ses voisins, de faire des conquêtes, une politique rusée, puis, ayant commencé en petit, finit par le faire en gros.

Ainsi Rome, d’abord refuge de vagabonds de toutes les parties de l’Italie, finit par se constituer une originalité, quoiqu’elle fût formée de parties incongrues ; ce corps politique original tendait surtout à étendre ses frontières, à s’assimiler les divers peuples conquis, soit par la force des armes, soit par la ruse. Rome devint, par la force, la tête de l’Italie, et par la suite de toute l’Italie elle fit Rome. Moscou par rapport à la Russie se rapproche beaucoup de Rome dans ses relations avec l’Italie. Une ressemblance frappante, c’est celle des moyens employés pour faire un tout de l’Italie et de la Russie, c’est l’évacuation de la population des villes entières, même de provinces, et la répartition des terres conquises aux légions militaires qui devaient servir de moyen d’assimilation des anciennes nationalités et leur absorption en un tout. Cette politique de Moscou paraît dans tout son éclat sous Jean III et sous Vassili son fils, la population de Novgorod et de son district, de Pskof, de Viatka, de Riazan fut enlevé à leurs demeures et