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gnés qu’ils soient de leurs demeures, gardent autant que faire se peut leurs anciennes manières d’être, leurs anciennes idées innées, tant que les conditions nouvelles ne les émeuvent pas ; ils ne les transforment que lorsqu’elles ne conviennent pas aux nouveaux établissements et encore ils ne changent que très lentement, toujours en s’efforçant de garder quelque chose de l’ancien ordre de choses.

Les Petits Russiens (Roussines, Ukraniens) avaient étendu leurs colonies à l’Est jusqu’au Volga et même plus loin et pourtant c’étaient les mêmes Petits Russiens qu’on trouvait dans le gouvernement de Kief et s’ils prirent quelque chose de particulier dans leur langage, leurs idées et leur physionomie, cela venait des circonstances que le sort leur imposait dans leur nouvelle patrie, et pas uniquement parce qu’ils étaient des immigrants. Il faut dire la même chose des émigrés russes de Sibérie. Ils sont toujours russes et leurs distinctions dépendent de causes inévitables qui les forcent à se transformer, selon les conditions de climat, de sol, d’industrie et de voisinage. De nouvelles villes s’élevaient dans la vieille Russie à une distance de quelques dizaines de kilomètres des vieilles villes comme Vladimir, Souzdall et Rostoff ; elles ne pouvaient évidemment avoir aucune condition ou circonstance géographique importante qui pût produire en elles quoi que ce soit de tout nouveau. Même quand la nouvelle ville était séparée de l’ancienne par des centaines de kilomètres ; les principaux signes de l’ethnographie montraient leur ressemblance.

Au XIIe siècle Vladimir devient par son histoire le berceau de la Grande Russie et en même temps de l’état unitaire russe ; — les principes qui ont développé le monde russe dans son entier y étaient en germe et sont devenus les traits caractéristiques de ce peuple, sa force et sa solidité. Agglomération des parties, tendance à annexer d’autres pays, entreprises sous la bannière de la religion, succès sanctifié par le dogme de l’approbation divine, appui sur la masse docile à la force, quand celle-ci lui tend la main pour la défendre tant qu’elle a besoin de cette force, et ensuite abandon des droits populaires entre les mains des élus du peuple — tout cela donne l’image d’un jeune planton qui est devenu un arbre énorme dans le cours des temps qui ont fourni des circonstances favorables à sa croissance. Les invasions tartares lui ont aidé. Sans la conquête et sans l’influence des anciens principes d’autonomie individuelle qui dominaient dans d’autres