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de Kief et qui ne pouvait à aucun point de vue avoir de prétentions à cet honneur.

Iziaslaf revint, il est vrai, à Novgorod, mais avec l’aide des étrangers. Ce fut une espèce de conquête étrangère, et c’est pour cela que les historiens polonais depuis lors regardèrent Kief comme un fief de la Pologne. Quelque temps après, à peine le prince fut-il débarrassé, ainsi que les Kievains, de ses complices, qu’il fut de nouveau banni. Le prince de Tchernigof monta sur le trône de Kief et Iziaslaf dut s’enfuir. Quoique dans ces changements on ne parle pas de la participation des Kievains, il est évident qu’ils avaient pris part à cette action ; d’un autre côté les Kievains ne pouvaient aimer un prince qui avait appelé les étrangers contre eux et qui avait fait mettre à mort ceux qu’il regardait comme ses ennemis et qui avaient dû avoir de l’influence sur le peuple au moment de son bannissement, et Sviatoslaf n’aurait pu entrer à Kief et régner tranquillement pendant quatre ans s’il avait rencontré de l’opposition de la part du peuple.

Dans l’histoire subséquente, les chroniqueurs répètent plusieurs fois que les princes étaient soumis à l’élection et étaient exilés, que le Vetché considérait qu’il avait droit de les juger, de les chasser et de les exécuter.

Les autorités subalternes établies par les princes et quelquefois les princes eux-mêmes étaient exécutés. Monomach fut élu et fit mettre en jugement populaire les partisans du dernier prince. Vsévolod, voulant transmettre à son frère Igor sa dignité de prince, ne put le faire qu’en demandant l’autorisation du Vetché ; ce même Vetché renversa Igor, appela Iziaslav Mstislavitch et ensuite fit tuer Igor. Iziaslav Davidovitch, Rostislav Mstislavitch, Mstislav Iziaslavitch, Roman Rostislavitch, Sviatoslav Vsevolodovitch, Roman Mstislavitch, tous ont été élus par la volonté du peuple kievain.

Peu à peu le droit exercé par le prince de nommer les puissances souveraines tomba entre les mains des prétoriens, des chefs militaires de bandes composées de bravi, ce sont eux qui nommaient et renversaient les princes ; les princes étaient devenus comme leurs instruments et, comme il arrive toujours dans les États militaires, ils ne pouvaient se soutenir que par la force de la volonté, l’habileté, mais non par l’importance qu’ils avaient dans leur terre. Des étrangers de race turque — Klobouks noirs,