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Souzdal, de Moscou, passaient pour Russes par tradition orale et écrite et par éducation. Les Kievains, les Volhyniens, les Russes rouges étaient Rousses par leur situation géographique, par les particularités de leurs organisations sociales et domestiques et par leurs mœurs. Chacun d’eux était Rousse, pour la même cause par laquelle un Slave n’était pas Rousse mais Moscovite, Souzdalecz, Tvérain.

L’union des provinces était générale et le nom de toute la fédération devint national, même dans l’est, aussitôt que les conditions générales eurent étouffé les différents entre les parties. Lorsque la puissance Moscovite se fut formée de la réunion de divers pays, elle s’appropria facilement le nom de Rouss et le peuple de cette puissance s’accoutuma à être appelé russe, le nom générique était donc appliqué à une partie. Ce nom de Russe s’étendit alors à l’est et au nord tandis qu’auparavant il était réservé au seul peuple ukranien.

Alors le peuple ukranien resta sans nom spécial, puisqu’on lui avait volé le sien. Ici c’était le contraire de ce qui s’était passé dans les temps reculés ; alors, la Rouss du nord s’appelait Russie, comme nom générique, tandis qu’on avait des noms spéciaux pour les différentes parties ; à présent le peuple qui possédait depuis l’antiquité, en propre le nom de Rouss ne peut plus s’appeler Russe que dans la généralité et dut se donner un nom nouveau.

À l’ouest, dans la Russie rouge où il se heurtait avec d’autres nationalités — polonaise, hongroise, allemande — le peuple put garder son ancien nom. Ainsi le peuple qui habite la Galicie et la Russie rouge est appelé Roussine par les Russes.

Dans la nationalité particulière on distinguait surtout des traits de sa nationalité générale, ainsi leur foi, leur langue, leur histoire rappelaient aux Roussines leur ancienne parenté avec le peuple rousse et les aidaient à résister aux efforts que faisaient et font encore les étrangers pour effacer cette parenté.

Par contre cette même nationalité se rencontrant avec les Russes du nord-est, le nom de Russe perdit son caractère partiel spécial à un district car là les Ukraniens n’avaient pas besoin de défendre les traits généraux qui ne les séparaient pas, mais au contraire les unissaient avec le peuple qui leur avait pris pour l’adopter le nom de Russe. Là donc, devant remplacer son vieux