Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

engoncées dans un mantelet de cérémonie, et sans avoir sa figure, qu’elle tenait cachée dans son mouchoir, comme pour étouffer des pleurs. La plume noire de son chapeau était secouée suivant les cahots de la voiture, ou, peut-être, par un sorte de hoquet douloureux qui faisait aussi trembler ses épaules. De temps en temps elle relevait la tête, mais en serrant toujours le mouchoir sur sa bouche, d’un mouvement nerveux, comme si elle eût voulu le mordre; elle ne regardait alors aucune des personnes présentes, mais entièrement retournée vers la vitre, elle semblait s’attacher à voir tantôt la lanterne toute proche d’elle, tantôt la croupe blanche des chevaux, ruisselante de pluie, tantôt, au lointain, la foule étrangère qui se pressait dans une brume triste aux carrefours des rues.

L’homme lui jetait des temps en temps un coup d’œil oblique et, par sympathie, prenait alors un aire plus chagrin. Il toucha le bas de la robe, mouillé, tout boueux. Il se tourna vers sa femme, à demi, comme s’il voulait lui faire un reproche, mais sa voix s’arrêta sur ses lèvres. Il parut comprendre qu’en un jour comme celui-ci, les dommages matériels, si grands qu’ils fussent, ne devaient pas être comptés.

Cependant toute la voiturée regardait avec étonnement cette douleur inconvenante. Les conversations s’étaient inetrrompues. On se faisait signe du coude.„ — Faut-il qu’elle en aye,