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temps, quand ils ne se sont pas contentés de répéter les règles de leurs prédécesseurs, ont enseigné simplement leur propre prononciation. Ils faisaient beaucoup s’ils normalisaient ce qu’ils croyaient être le bon usage ou s’ils profitaient des quelques observations que la hasard de leur entourage leur avait fait faire. Assez fréquemment ils altéraient même la vérité par des assertions hasardées, nées de quelque théorie qui leur tenait à cœur.

À côté des difficultés que nous vous venons d’énumérer il y en a d’autres: celles de bien entendre et ede bien noter que qu’on a entendu. Comme il n’y a pas deux individus qui prononcent exactement de même, ainsi il n’y en a pas deux non plus qui entendent exactement de la même manière, eussent-ils reçu une éducation phonétique égale. Car il faut une préparation spéciale pour bien entendre les sons de la langue comme pour bien entendre ceux de la musique. Des habitudes individuelles ou nationales, des idées préconçues ou des préjugés enracinés, des influences orthographiques dont on ne se rend pas compte, conduisent involontairement à des erreurs d’acoustique. Toutes les observations faites sur les fonctions des organes vocaux sans l’aide de bons appareils phonographiques doivent être acceptées avec le plus grand scepticisme. Mais quand même le phonétiste a bien entendu, comment doit-il figurer les sons entendus? Il y a presque autant de systèmes de transcriptions phonétiques que de phonétistes; ces systemes doivent leur existence ou à des principes ou à des besoins différents, quelquefois seulement à la vanité puérile de leurs inventeurs. Le meilleur système serait peut-être celui qui figurerait non les sons, mais leurs parties constitutives; on l’a entrepris, mais il est tellement compliqué qu’il devient illisible, sans attein-