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Les Parisiens de Paris se trouvent dans un contact perpétuel avec la majorité de ces Parisiens qui ont passé leur jeunesse en province: ces deux groupes échangent journellement, avec leurs idées, leur manière de prononcer. Ces deux catégories, à leur tour, se trouvent, dans leurs voyages ou à Paris même, dans un commerce incessant avec de véritables provinciaux, et là encore s’opèrent des échanges. De plus, dans les provinces françaises aussi, il ne manque pas de personnes, qui, sans avoir jamais vu Paris, sont néanmoins pures de ce qu’on nomme accent provincial; et par cela même qu’elles ne sont pas sous l’influence de la mode parisienne qui existe pour la prononciation comme pour tout le reste, elles ne peuvent passer sinon pour des modèles, du moins pour de bons types de la prononciation actuelle de la bonne compagnie.

S’il est vrai qu’ainsi la vie pratique crée spontanément une sorte d’usage normal ou conventionnel pour la prononciation, il n’est pas moins vrai que cet usage laisse une assez grande liberté et ne règle pas tous les détails. La théorie grammaticale ne peut que suivre ces mouvements. Néanmoins elle est indispensable. Les personnes isolées, tous ceux qui désirent s’instruire des détails de l’usage que suivent les classe élevées, surtout les étrangers qui veulent apprendre la bonne langue et le bel usage, demandent au grammairien de les éclairer et de leur dire comment on cause, on parle, on lit, et on déclame dans la bonne compagnie. Le grammairien ou orthoépistse, qui, pour savoir bien remplir son devoir, doit être phonétiste, fera donc systématiquement et pour le détail ce que la vie fait inconsciemment et pour l’ensemble. Il constatera, pour tous les sons et pour tous les styles, l’usage le plus répandu chez les gens du