Et les champs et les mers y viennent tour à tour
Se teindre d’une aurore éternelle et mouvante.
Mais les hommes épars n’ont que des pas bornés,
Avec le sol natal ils émergent ou plongent:
Quand les uns du sommeil sortent illuminés,
Les autres dans la nuit s’enfoncent et s’allongent.
Ah! Les fils de l’Hellade, avec des yeux nouveaux,
Admirant cette gloire à l’Orient éclose,
Criaient: salut aux dieux dont les quatre chevaux
Frappent d’un pied d’argent le ciel solide et rose!
Nous autres, nous crions: salut à l’Infini!
Au grand tout, à la fois idole, temple et prêtre,
Qui tient fatalement l’homme à la terre uni,
Et la terre au soleil, et chaque être à chaque être.
Il est tombé pour nous, le rideau merveilleux
Où du vrai monde erraient les fausses apparences,
La science a vaincu l’imposture des yeux,
L’homme a répudié les vaines espérances.
Le ciel a fait l’aveu de son mensonge ancien,
Et depuis qu’on a mis ses piliers à l’épreuve
Il apparaît plus stable, affranchi de soutiens,
Et l’univers entier vêt une beauté neuve.