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Sully-Prudhomme.

M. Sully-Prudhomme, né à Paris, en 1839, ne se croit pas un bon déclamateur. Il s’excusa en m’assurant que, comme l’un sait bien dessiner ce qu’il a vu, l’autre moins bien ou pas du tout, ainsi l’un sait bien exprimer, par la déclamation, ce qu’il sent et ce qu’il pense, tandis qu’à d’autres ce don est refusé. Mais M. Sully-Prudhomme est trop modeste s’il croit devoir se ranger dans le nombre de ceux qui sont dépourvus de l’art oratoire: en me lisant la poésie qui suit (le Lever du soleil), il a su parfaitement exprimer ce qu’il a pensé. Il n’a pas fait grand usage de ses forces vocales: mais ce ne sont pas seulement l’intensité et le timbre de la voix qui font l’orateur, le juste choix des mots sur lesquels il faut appuyer et l’harmonie de la déclamation avec le sujet ne sont pas d’une moindre valeur. Sur ces deux points, M. Sully-Prudhomme ne le cède à personne. Comme le «Lever du soleil» (Stances et Poèmes, p. 131) est un poésie grave, majestueuse, il demande une déclamation lente, calme, sans faste. M. Sully-Prudhomme l’a dédclamé exactement comme il le fallait. Quant aux détails, M. Sully-Prudhomme supprime les e sourds, au milieu des vers, un peu plus fréquemment que M. Fr. Coppée (p.143, l. 5 11, 14, 15, 16; p. 145, l. 2, 6, 10, 11, 17); aussi chez lui, ils sont toujours par l’allongement de la syllabe précédente. À la fin des vers, M. Sully-Prudhomme n’a fait entendre l’e muet qu’unee seule fois (p. 143, l. 13), et encore bien faiblement. Comme M. Coppée, M. Sully-Prudhomme prononce les, des, est avec e ouvert; il ne fait pas grasseyer les r. Si dans les mots royal (p. 143, l. 2), natal (p. 145, l. 4) et frappent (p. 145, l. 10) l’a tonique est fermé, c’est là l’effet d’une prolongation oratoire de cette voyelle. — À noter la prononciation de fils comme fi (p. 145, l. 7).