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Les professeurs de français, de nationalité étrangère, n’ont donc qu’à prendre leur retraite. Mais à quoi reconnaît-on les personnes qui parlent bien? Est-ce que véritablement tous les gens bien élevés sont en possession d’une bonne prononciation, ou faut-il en excepter les provinciaux? Et à Paris même, faut-il s’adresser aux Parisiens de naissance ou peut-on se contenter de provinciaux qui y ont établi leur domicile? Littré, dans la préface de son dictionnaire, n’est pas plus explicite. Il nous dit bien, en parlant de la prononciation française, qu’elle est sujette à des variations, et il nous raconte qu’un vieillard „qui avait été toute sa vie un habitué de la Comédie française, avait noté la prononciation et l’avait vu se modifier notablement dans le cours de sa longue carrière» (p. XII. s.). Mais ni ce récit ni sa conclusion («Ainsi le théatre qu’on donne comme bonne école et qui l’a été en effet longtemps, subit lui-même les influences de l’usage courant à fur et à mesure qu’il change») ne nous disent, où il faut chercher la bonne prononciation et sur quoi se fondent ses propres décisions. Il est à croire que Littré a figuré tout simplement la propre prononciation, non pas telle qu’il l’avait reçue de la bouche de ses ancêtres, mais modifiée d’après des théories personnelles, qui, on le sait, l’ont mis souvent en opposition avec l’usage presque universel. En somme, ce serait donc la prononciation d’un Parisien qu’il aurait donnée pour modèle. Le dernier dictionnaire français qui fasse autorité, le dictionnaire général de Darmesteter et de M. Hatzfeld, lequel est en cours de publication, a adopté la règle «de noter de préférence» la prononciation en usage à Paris. C’est M. Hatzfeld, Parisien de naissance, (mais non d’origine), qui s’est chargé de cette partie de l’ouvrage: il y figure la prononciation qu’il emploie