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Notre amour fragile, et qui pourtant dure,
Est fait de débris comme un nid d’oiseau.

Sur lui nous veillons tous deux, ma jolie!
Mais, les jours brumeux, je me dis à part,
5.Avec un soupir de mélancolie,
Que tout ce bonheur est venu bien tard.

Je vieillis, hélas! je descends la rampe,
Et la lassitude alourdit mes pas.
Regarde: L’hiver a mis sur ma tempe
10.Son premier flocon qui ne fondra pas.

Et toi, dont le cœur dans les yeux se montre,
Tu n’es déjà plus l’enfant d’autrefois;
Et, depuis le jour de notre rencontre,
Dix ans sont passés. Compte sur tes doigts.

15.Mais, quand un amour est tel que le nôtre,
Qu’importe, après tout, qu’on se fasse vieux!
Nous pouvons rester jeunes l’un pour l’autre,
En nous aimant plus, en nous aimant mieux.

Vois ces deux époux dont la tête tremble,
20.Assis côte à côte, heureux sans parler.
À force de vivre à toute heure ensemble,
Vois, ils ont fini par se ressembler.