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et la bonne prononciation. En cela, il suit l’ancienne tradition et est d’accord avec la plupart des lexicographes et des grammairiens de nos jours. L’Académie, il est vrai, se montre énigmatique sur ce point. Dans la préface de sa dernière édition (1877), elle nous dit bien: „il y a un bon et un mauvais usage: c’est un fait que personne ne conteste. Les uns parlent et écrivent bien, les autres écrivent et parlent mal. Chaque profession a son jargon, chaque famille, et presque chaque individu, ce qu’avec un peu d’exagération on pourrait appeler son patois. En réalité, le bon usage est l’usage véritable puisque le mauvais n’est que la corruption de celui qui est bon. C’est donc au bon usage que s’arrête l’Académie, soit qu’elle l’observe et le saisisse dans les conversations et dans le commerce ordinaire de la vie, soit qu’elle le constate et le prenne dans les livres“ (p. V s.). Avec cela, nous n’apprenons pas, si l’Académie d’aujourd’hui admet un bon usage aussi en province, en tant que la province n’est pas simplement l’écho de la capitale, ni non plus, comment il faut faire et comment elle a fait elle-même pour distinguer le bon et le mauvais usage. D’ailleurs, elle se trompe si elle affirme qui le mauvais usage (ou ce qu’elle croit l’être) soit toujours la corruption du bon usage. Au contraire, le bon usage n’est souvent qu’une corruption mise à la mode. Nous ne sommes guère plus avancés, quand, un peu plus bas, l’Académie nous dit: „La bonne prononciation, c’est dans la compagnie des gens bien élevés, des honnêtes gens, comme on disait autrefois, qu’il faut s’y façonner et s’en faire une habitude. Quant aux étrangers, ils ne l’apprendront qu’en parlant la langue dont ils veulent se rendre l’usage familier avec ceux qui la parlent de naissance et qui la parlent bien (p. VII s.).