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Fille de Roland. A. I, sc. 2.

Vous connaissez, Radbert, le but de mon voyage,
Ou plutôt de ce long et dur pèlerinage:
Je sentais, j’étais sûr, qu’en retrouvant les lieux
5.Témoins de mon forfait, je le pleurerais mieux.
Poussé par ce désir qu’en vain l’âme comprime
J’avais soif de revoir le théâtre du crime,
Ces monts pyrénéens et ce fatal vallon
Où Roland a péri, livré par Ganelon!
10.Je les reconnus trop, ces pics tristes et sombres;
Ces torrents, ces pins noirs aux gigantesques ombres;
C’était bien Roncevaux! Seulement, par endroits
L’herbe verte était plus épaisse qu’autrefois!
C’est qu’ils ont lutté là, lutté sans espérance,
15.Pour le grand Empereur et pour la douce France,
Les superbes héros, mes nobles compagnons,
Dont j’ose à peine encor me rappeler les noms;
C’est que de leur sang pur cette terre est trempée,
C’est que si je cherchais du bout de mon épée,