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du tems les gens de la cour, il ne laisseroit pas de se glisser quelques abus dans le langage.»

Ce sont les savants et le lettrés qui ont forcé Hindret à rebrousser chemin et à se démentir, en partie, lui-même. Leur autorité qui s’était déjà affirmée au siècle précédent allait augmentant depuis la fondation de l’Académie française. Delatouche (1696), dans son avertissement, dit qu’il a fait consulter plusieurs des plus habiles académiciens, et Buffier (1709), tout en reconnaissant l’autorité «du plus grand nombre des personnes de la cour» estime que «les témoins les plus sûrs (du bon usage)» sont «les livres des auteurs qui passent communément pour bien écrire, et particuliérement ceux où l’on a fait des recherches sur la langue». Mais, tout le monde n’est pas de cet avis. Grimarest (1712) proteste: «ces messieurs (les savans) n’ont point le privilege de prononcer des arrests; … ils devroient s’acorder mieux qu’ils ne le font avec eux mêmes, s’ils veulent qu’on les suive», et Girard (1716) exprime l’avis que l’autorité des dames, surtout de celles de la cour, «n’est pas au dessous de celle des savants». Plus hérétique que tous, Saint-Réal émit, déjà en 1691, l’idée tout à fait moderne: «que les comédiens sont, à tout prendre, le meilleur modéle» sur lequel on puisse se régler.

La régence du duc d’Orléans rendit à Paris, à la ville, comme on disait du temps de Louis XIV par opposition à la cour, une autorité que le retour de Louis XV à Versailles ne put lui faire perdre, et qui ne fit même que s’accroître par le développement de la philosophie du XVIIIe siècle et par l’importance que prirent les gens de lettres dans la société parisienne.

Suivant Durand (1748), la vraie prosodie «est à Paris,