Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

choses, pour en raisonner; n’ayant pas un sou, j’écris sur la valeur de l’argent, et sur son produit net: si-tôt je vois, du fond d’un fiacre, baisser pour moi le pont d’un château fort, à l’entrée duquel je laissai l’espérance et la liberté. (Il se lève.) Que je voudrais bien tenir un de ces puissans de quatre jours, si légers sur le mal qu’ils ordonnent; quand une bonne disgrace a cuvé son orgueil! je lui dirais … que les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où l’on en gêne le cours; que sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur; et qu’il n’y a que les petits hommes, qui redoutent les petits écrits. — (Il se rassied.) Las de nourrir un obscur pensonnaire, on ne met un jour dans la rue; ete comme il faut dîner, quoiqu’on ne soit plus en prison, je taille encore ma plume, et demande à chacun de quoi il est question: on me dit que, pendant ma retraite économique, il s’est établi dans Madrid un système de liberté sur la vente des productions, qui s’étend même à celles de la presse; et que, pourvu que je ne parle en mes écrits, ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs. Pour profiter de cette douce liberté, j’annonce un écrit périodique, et, croyant n’aller sur les brisées d’aucun autre, je le nomme journal