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tant la France, qu’il ne doit pas rester sans réponse. Personne ne l’ayant fait que je sache, je me lance en volontaire.

Tout en tolérant que les Polonais soient admis à combattre aux côtés de l’Armée Française, vous affirmez que leurs compatriotes non combattants doivent être considérés comme génériquement suspects d’espionnage et traités en conséquence. Voyons les assertions et les suppositions sur lesquelles vous étayez votre thèse.

1. Vous affirmez, afin d’exonérer d’avance votre pays de toute reconnaissance, que les Polonais combattent « pour la cause des Alliés — et la leur. » Cela n’est pas. Ils combattent à 70 kilomètres de Paris. En l’état, pouvez-vous puiser non dans votre encrier, mais dans votre conscience, la certitude absolue qu’après avoir victorieusement obtenu la libération et l’indemnisation de vos départements envahis, de la Belgique que l’honneur vous force à traiter à votre égal, enfin, la restitution de l’Alsace-Lorraine, il restera à la France assez de force et de volonté pour imposer à l’Allemagne la renonciation et aux provinces polonaises récemment conquises, et à celles qu’elle détient depuis cent-cinquante ans ? Or, c’est seulement quand vous en serez là que vous pourrez honnêtement dire aux survivants de l’Armée Polonaise qu’ils versent leur sang non plus pour la France, la France symbole si l’on veut, mais pour eux-mêmes, et leur donner l’espoir que ne se répétera pas l’histoire uniforme de la politique franco-polonaise depuis un siècle et demi. Elle est lamentable.

Lors des partages de 1772, de 1792, des insurrections de 1830 et de 1863, la France « vibre » mais toujours se console à l’idée que « l’ordre règne à Varsovie ». Il y a pis. En 1795, le Directoire en guerre avec la Prusse, encourage et subventionne le soulèvement de Kościuszko, puis en pleine lutte, traite à Bâle et garantit à la Prusse, en retour d’avantages sur le Rhin, l’extension de sa part de Pologne en vue du dernier démembrement. En 1815, c’est la France qui, au Congrès de Vienne, fait échouer le projet de reconstruction totale de la Pologne sous le double sceptre d’Alexandre Ier et exige le maintien de la Posnanie sous la domination prussienne. En 1856, la France, victorieuse de la Russie, consent à ce que le nom de la Pologne ne soit pas prononcé au Congrès de Paris. Enfin, au cours de la guerre actuelle, en vertu d’arrangements secrets divulgués par les bolcheviks, entre MM. Briand et Izvolski, la France délie les mains à la Russie pour le cas où celle-ci voudrait, ainsi que l’avaient déjà annoncé Goremykine et Sturmer, escamoter la retentissante proclamation du Grand-Duc Nicolas (dépêche du 11 mars 1917).

En vérité, Monsieur, ce passé ne vous autorise pas à prendre comme vous faites des airs de bienfaiteur outragé pour re-